SOPRA-STERIA : Communication CGT – Août 2022

Résultats SopraSteria du 1er semestre 2022

Dans un communiqué de presse publié le 28 juillet, Sopra Steria a annoncé les résultats du 1er semestre 2022. L’activité et les marges ont progressé, ce qui s’est traduit à l’ouverture de la bourse par une progression de l’action de 3,45%.

Le Chiffre d’affaires a progressé de 9,3% par rapport au premier semestre 2021 et s’est élevé à 2.543,8M€.
Le résultat opérationnel d’activité a progressé de 20,5 % à 203,1 M€ avec un taux de marge de 8,0 %, en hausse de 0,8 point par rapport au 1er semestre 2021.

En France le chiffre d’affaires a progressé de 9,8 % en organique pour s’établir à 1.023,7 M€.

En matière de croissance externe et acquisition, Sopra Steria a annoncé l’acquisition le 11 juillet 2022 de Footprint, une société de conseil norvégienne spécialisée dans les enjeux environnementaux et de durabilité (une vingtaine de consultants) ainsi que le projet d’acquisition de la société CS GROUP qui comptait en 2021, 2241 salariés dans le monde (1936 en France) et pesait 237,4 M€ en Chiffre d’affaires.

Pour la CGT Sopra Steria, ces bons résultats ne profitent qu’aux actionnaires. En effet, les augmentations de salaires laissent sur la touche 33% des salarié·e·s et sont souvent faibles sans oublier que la direction ne veut pas d’augmentation générale malgré l’inflation qui explose.

En outre, comme nous l’avons déjà évoqué dans la communication de juin, la croissance externe est devenue l’axe principal de la stratégie du groupe depuis 2015 date de sa création avec la fusion entre Sopra et Steria alors que la question se pose sur la pertinence et la viabilité de cette stratégie sur le long terme pour le groupe.

Pour la CGT, cette stratégie répond à trois objectifs :

  1. Atteindre une taille critique et augmenter ses parts de marché
  2. Mettre la main sur le savoir-faire dont Sopra Steria ne dispose pas en interne, et ainsi de diversifier son activité sans pour autant investir massivement en R&D
  3. Augmenter les effectifs pour pallier le problème du recrutement et du turn-over

La CGT SopraSteria dénonce cette stratégie focalisée uniquement sur la croissance externe et dont les conséquences sont délétères sur les conditions de travail au sein de l’entreprise

Résilience

Mirage ou vertu ? mobilisée aujourd’hui dans les entreprises comme dans le langage commun, la résilience a surtout le défaut d’individualiser et dépolitiser toute question.

Rarement mot n’a envahi à ce point la sphère publique. Du « plan de résilience économique et sociale », visant à limiter les impacts de la guerre en Ukraine, au projet de doter Marseille d’un centre-ville « résilient », en passant par l’offre florissante de formations à la résilience au travail : toute action et toute chose semblent devoir être désormais affublées de cet objectif.

En 2020, le Petit Larousse avait jugé bon d’introduire le verbe « ubériser », la tentation du « survivalisme » ou le risque de « bore-out », pour prendre acte de la transformation de notre société. Aucune de ces trois notions, pourtant, ne peut prétendre au succès du mot résilience.

Avec plus d’un siècle d’histoire derrière lui, ce mot, il est vrai, n’est pas nouveau. Avant de devenir le passage obligé de l’exposé des politiques les plus diverses, il a d’abord appartenu au champ lexical des physiciens pour désigner la propriété d’un corps à reprendre sa forme initiale après un choc.

Une image qui contribuera à sa diffusion au milieu du XXe siècle dans le domaine psychologique et psychiatrique pour définir la faculté des individus à s’adapter à la réalité et à « rebondir » face aux difficultés. À « se reconstruire après un traumatisme », précise le psychiatre Serge Tisseron [Serge Tisseron, La résilience, Puf, 2021], auteur d’un Que sais-je sur le sujet.

La résilience comme une aptitude individuelle ? Si les pionniers de ce mot ont eu « l’immense mérite d’attirer l’attention sur la possibilité de surmonter des difficultés, l’approche qui a été la leur a aussi fait courir le risque de diviser l’humanité en deux : ceux qui seraient résilients… et les autres », poursuit-il.

Et ce, en France plus qu’ailleurs où cette manière de voir va se répandre en écartant l’idée de prévention des risques de mal-être, en diffusant celle de la capacité des êtres à dépasser « la part sombre de leurs souffrances pour n’en garder que la part glorieuse et lumineuse ».

Refusant cette approche, le psychiatre sera de ceux qui militeront pour qu’il en soit autrement. Avec succès puisque, au tournant des années 2000, le concept évoluera pour être aussi considéré comme le fruit d’une capacité collective possible. Autrement dit, une faculté qui ne peut se concevoir « sans prendre en compte la vie sociale et la réalité démocratique dans laquelle évoluent les individus, la protection civile des populations, face aux risques écologiques, aux accès à l’emploi ou à l’éducation ». Une approche aujourd’hui partagée. Le chercheur et économiste Thierry Ribault en soutient également l’idée dans son livre Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs [Thierry Ribault, Contre la résilience à Fukushima et ailleurs, L’Echappée, 2021], un ouvrage dans lequel il dénonce la conception « despotique » de cette notion quand elle « cherche à faire du malheur un mérite ». Ou lorsqu’on use pour « contribuer à la falsification du monde en se nourrissant d’une ignorance organisée ».

Avec lui, la sociologue du travail, Fabienne Scandella fait de même quand, dans un article paru dans HesaMag, la revue de l’Institut syndical européen, elle décrit ces formations à la résilience qui, depuis la crise sanitaire, se multiplient en entreprise. Des formations qui invitent à « consentir à son sort sans se lamenter » et à « accueillir les charges de travail sans jugement ». « Si tu as quelque chose à dire, tu trouveras les mots », dit le proverbe.
Certes, mais encore faut-il être clair sur ce que l’on a à dire….

Texte de Martine Hassoun, paru dans la revue OPTIONS n°673 de l’Ugict-Cgt, été 2022

La CGT au coeur de la réindustrialisation : la preuve par Thalès

Il a fallu près de dix ans à la CGT pour obtenir un avenir à la filière française de l’imagerie médicale, mais ce fut une expérience précieuse pour le syndicalisme.

L’une des histoires qui pourrait s’imposer, est celle de la CGT Thalès et de sa filiale Trixell à Moirans (Isère). À force de ténacité et de détermination, les militant·e·s de la CGT Thalès et de sa filiale ont réussi à sauver
l’activité imagerie médicale du groupe. Mieux, à la promouvoir, car désormais le site de Moirans n’est plus
seulement un sous-équipementier à disposition des grands groupes mais propose des produits allant du
détecteur au sous-système complet d’imagerie.

Rien ne serait arrivé sans la conviction de la CGT Thalès de son droit à peser dans la stratégie de l’entreprise, droit consacré par un accord obtenu dans le groupe en 2006.

Tout a failli basculer en 2012, lorsque Thalès décide d’abandonner la filière médicale.
Bien que des grèves et des manifestations aient été nécessaires pour l’abandon du projet, elles n’auraient pas été suffisantes pour infléchir la position de la direction de Thalès. Il se constitue alors un collectif impliquant des militant·e·s connaissant bien la filière. Ils et elles mettent en place une démarche de réindustrialisation assurant un développement durable du site en impliquant des salariés de STMicroelectronics, du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), des responsables de fédérations, comme celles de la santé, de la recherche ou encore des structures territoriales.

Dix ans de travail du collectif sans que les hauts dirigeants du groupe Thalès se penchent sur les avancées du collectif. C’est alors que la CGT Thalès investit en 2018 le Conseil national de l’industrie (CNI) et parviendra à convaincre du bien-fondé de son combat. Des aides sont alors débloquées pour lancer trois projets et ainsi permettre aux sites de Thalès et de Trixell de Moirans de monter en gamme avec en cible un doublement des effectifs dans les cinq prochaines années. Grâce à la qualité de ce travail, Franck Perrin, ingénieur et délégué CGT chez Trixell deviendra pilote du comité stratégique.

Extrait du texte de Martine Hassoun, paru dans la revue OPTIONS n°673 de l’Ugict-Cgt

conseil de lecture

L’enfer numérique, voyage au bout d’un Like, éditions Les Liens qui Libèrent, 2021, 352 pages

Le numérique est souvent présenté comme le monde de l’immatériel, du vaporeux (cloud), mais bien entendu il n’en est rien, et nous salarié·e·s d’une grande entreprise du numérique nous le savons bien.

Derrière l’illusion de légèreté et de fluidité se cachent machines, logiciels et systèmes, tous de plus en plus gourmands en ressources.

Les enjeux politiques et stratégiques autour des métaux rares qui les composent, ou qui leur servent de support, et de l’énergie consommée, nous semblent parfois lointains, alors que les conséquences de leur extraction et de leur utilisation massive est de moins en moins acceptée. À raison.

Dans une enquête fouillée, sur 4 continents, l’auteur décortique l’arrière cour des technologies déployées, les intérêts financiers et économiques nous enfermant dans une logique délétère, avec leurs conséquences sur l’emploi.

Si la sobriété numérique est ici mise en avant comme palliatif, nous pourrions aussi nous interroger sur les moyens concrets que nous, salarié·e·s de grandes entreprises du numérique, avons à notre disposition pour enrayer la fuite en avant soutenue par les actionnaires et mortifère pour l’environnement, les populations des pays exploités et au final nous-mêmes…

SOPRA-STERIA : Communication CGT – Août 2022