Solidarité avec les migrants

Il aura fallu la photo d’un enfant mort sur une plage pour que l’opinion publique prenne soudain conscience du drame qui est en train de se jouer sur les frontières septentrionales de l’Europe. Mais cette émotion soigneusement orchestrée par les médias et manipulée par les gouvernements européens n’aura pas suffi pour que se mette en place une véritable solidarité.

Il aura fallu la photo d’un enfant mort sur une plage pour que l’opinion publique prenne soudain conscience du drame qui est en train de se jouer sur les frontières septentrionales de l’Europe. Mais cette émotion soigneusement orchestrée par les médias et manipulée par les gouvernements européens n’aura pas suffi pour que se mette en place une véritable solidarité.

 

Comme toujours c’est l’hypocrisie qui triomphe avec son lot de déclarations où prédominent les discours d’impuissance (« on ne peut accueillir toute la misère du monde ») voir le cynisme le plus complet (« ce sont des profiteurs »). Ce cynisme réside d’ailleurs en amont, dans le refus de reconnaître les causes de cette immigration massive, celle des politiques de déstabilisations permanentes de l’Afrique et du Moyen Orient par les puissances occidentales dont la France qui annonce aujourd’hui vouloir bombarder la Syrie pour éviter de nouvelles vagues migratoires !

Assurément la France qui s’est engagée à accueillir seulement 24 000 personnes quand ce sont des centaines de milliers qui fuit la pire guerre de ce début de 21e siècle, ne remplit que très partiellement ses engagements internationaux, en attendant que vienne une solution européenne complétement bloquée par des gouvernements réactionnaires comme celui de la Hongrie.

C’est donc aux travailleurs d’organiser une solidarité à la base, par l’accueil, par la fourniture de dons, par la mobilisation surtout ! Pour montrer que nous ne sommes pas responsables des égarements de nos dirigeants et que nous n’avons pas oublié que notre société a déjà été capable d’accueillir massivement par le passé des personnes fuyant des conflits. Nous condamnons les discours de la droite qui ne se différencie guère plus du Front Nationale en jouant sur les peurs et en divisant toujours un peu plus notre société. Nous condamnons aussi l’inaction criminelle du gouvernement de M. HOLLANDE face à la gestion du dossier migratoire quand celui-ci est capable de débloquer des millions pour aller faire la guerre et déstabiliser un peu plus le Moyen-Orient. Nous dénonçons enfin le chantage sordide patronal mené par M. GATTAZ qui se dit prêt à accueillir les immigrés à condition de réformer en profondeur le droit du travail. N’oublions pas également la chasse aux sans-papiers qui n’a pas diminué depuis le passage des socialistes au pouvoir : les expulsions quotidiennes de migrants sans logis en région parisienne et ailleurs, la répression à Calais et la précarité dans laquelle se trouvent les travailleurs étrangers.

Pendant ce temps la Syrie sert de champs de bataille pour tous les apprentis sorciers du monde : russe, turque, chinois, français, américain, iranien, saoudien … toutes ces puissances prises au piège de leur propre aveuglement contribuent à créer les conditions idéales pour la destruction du peuple syrien forcé de migrer ou de rester subir les exactions de BACHAR-EL-ASSAD, de l’Etat Islamique ou les bombardements des puissances étrangères.

Pendant ce temps, des migrants continuent de mourir dans leur traversée vers une Europe qui s’est transformé en forteresse égoïste et repliée sur elle-même.

Voici le triste portrait du projet européen que l’on nous a tant vanté comme modèle de paix et de prospérité. Après la répression contre toute alternative politique au néolibéralisme en Grèce, voici le silence et l’absence complice de décisions qui vaut feux verts pour les mesures honteuses de Viktor ORBAN (la police et l’armée hongroise a désormais le droit de tirer sur les migrants).

Il est donc de toute urgence nécessaire d’affirmer qu’une autre politique migratoire est possible :

  • Une politique de classe qui prenne en compte aussi bien les réfugiés politiques que les migrants économiques puisque tous deux victimes de l’ingérence occidentale
  • Une politique anti-impérialiste qui dénonce la misère soigneusement entretenue dans les pays du Sud par les entreprises et les armées des grandes puissances
  • Une politique de solidarité nationale pour la régularisation des sans-papiers et internationaliste pour la libre-circulation et installation des migrants.

Nous invitons donc l’ensemble des salariés de notre Fédération à participer le plus largement possible aux actions de solidarité initiée par la société civile. Nous sommes à un tournant historique de la construction européenne et il revient au peuple de s’organiser pour défendre sans cesse nos valeurs de solidarités et de lutte pour la justice sociale !