L’union pour la défense des droits sociaux chez EY !

Communiqué de presse commun de la CGT, la CFTC et l’UNSA chez EY & Associés

EY (Ernst & Young et associés) est l’un des plus importants cabinets d’audit financier et de conseil au monde. Membre des « Big Four », il est le troisième plus important réseau mondial en termes de chiffre d’affaires (après Deloitte et PwC, mais devant KPMG) en 2019.

La CGT, la CFTC et l’UNSA chez EY & Associés s’unissent au sein d’une Intersyndicale à partir du 1er novembre 2020 s’inscrivant dans une démarche d’union déterminée. Nous dénonçons une situation des droits sociaux que nous considérons indigne d’une multinationale qui se veut incarner « le bien-être » de ses salariés et qui a investi de manière aussi massive dans une communication « d’employeur modèle ».

Les élections professionnelles de fin 2019 ont fait émerger des préoccupations fortes des salariés sur le respect des droits sociaux chez EY & Associés, notamment sur 2 thématiques principales :

  1. Le respect des textes légaux et conventionnels sur le temps de travail avec une compensation des dépassements dès 48h de travail hebdomadaire et leur strict encadrement. Les salariés (majoritairement des cadres) ont exprimé leur refus que leur entreprise fasse travailler ses salariés 50 parfois 60 à 70h/semaine et cela sans compensation ! Ils déplorent que la firme impose ses propres règles en dépit du droit français et renverse la pyramide des normes en établissant une « para-souveraineté ». Les salariés, majoritairement de jeunes générations, évoquent également leur attachement à un équilibre de vie personnelle / vie professionnelle et de leur santé. Un tel rythme de travail ne les respecte pas. A ce titre il est important de souligner que, selon une étude de l’Inserm publiée en 2019, un temps de travail supérieur à 10h/jour pendant plus de 50 jours par an (ce qui est fréquent, voire récurrent, dans le cabinet EY) augmente de 29% le risque d’AVC, si ce rythme est maintenu sur plusieurs années.
  2. Le partage de la valeur ajoutée avec un réalignement de l’évolution des salaires avec l’évolution du chiffre d’affaires. A ce jour, le pouvoir d’achat des salariés du cabinet EY n’a que peu ou pas progressé (et même régressé pour certains grades : plus de 10% de baisse pour les managers) au cours de la dernière décennie, alors que le Chiffre d’Affaires consolidé d’EY en France aura fortement augmenté entre 2010 et 2019. Un certain nombre de salariés refusent une telle dégradation de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’achat exprimant ainsi une vraie crainte de déclassement, en parallèle de la crainte d’un partage de la valeur ajoutée toujours plus favorable au 1% des salariés-actionnaires les plus aisés (pour rappel : le salaire fixe des 10 plus hautes rémunérations aura augmenté de plus 30% entre 2009 et 2019 sur le périmètre EY & Associés).

Depuis le début de l’année 2020, des négociations ont été initiées afin d’évoquer ces sujets. Or nous faisons face à un refus de communication d’informations devant pourtant être mises à notre disposition selon la loi, et à un rejet en bloc de l’ensemble de nos propositions et revendications, y compris sur la préservation des libertés syndicales mises à mal pendant la période du confinement et par le télétravail généralisé depuis la crise liée au Covid-19. Nous regrettons cette conception du dialogue social, vu comme une simple formalité, qui nous pousse dans une impasse.

C’est d’autant plus regrettable que la firme semble utiliser la crise du Covid-19 comme une « aubaine » pour accentuer les craintes des salariés décrites plus haut :

  • D’une part, malgré des promesses et des engagements de principe sur l’effort partagé pendant la période de crise liée au Covid 19, nous sommes au regret de constater le manque de concret quant aux efforts des « 1% » alors même que 99% des salariés ont été informés ou vont être informés d’une baisse de leurs rémunérations variables.
  • Pire encore, le cabinet a décidé de réduire ses recrutements, malgré un volume d’affaires globalement stable, laissant planer le risque d’une charge de travail encore accrue des
    salariés d’EY & Associés. Alors que le recours à la sous-traitance dans des pays à bas coûts ne saurait compenser cela, accentuant ainsi le risque de non-détection des irrégularités financières et fragilisant de facto l’un des derniers remparts dans une économie mondialisée de moins en moins régulée.

Dans ce contexte, nous n’avons pas d’autres possibilités que de nous unir afin de mutualiser nos forces et notre énergie dans un combat commun pour la justice sociale et pour une plus juste redistribution des richesses au sein d’EY & Associés. Ce combat sera porté lors d’actions à venir au sein de l’entreprise, notamment de manière à faire remonter l’information plus directement ainsi que via des opérations de communication communes. Nous ne nous interdisons pas non plus une saisine des autorités judiciaires et de l’Etat dans le cas où la situation des droits sociaux devrait rester inchangée voire se dégrader encore. Nous appelons les salariés du cabinet EY, les corps représentatifs (syndicats, associations, comités citoyens, élus etc.) ainsi que les citoyens qui adhèrent à cette démarche à nous rejoindre au sein du comité de soutien :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSd9rVOAHXig1ifymJhQXP1zMK4tgkZKlkXhHXKQL04DZXS8YA/viewform?vc=0&c=0&w=1&flr=0

Les sections CGT, CFTC, UNSA chez EY & Associés